Investir dans les systèmes d'enregistrement et de statistiques de l'état civil afin d’améliorer les droits humains et optimiser les données
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Savez-vous à quel point votre vie serait difficile si vous n’avez pas de certificat de naissance ? Dans de nombreux pays développés, il s’agit du tout premier document d'identification juridique que les individus reçoivent peu après la naissance. Ce document contient des informations vitales comme le nom complet, la date et le lieu de naissance d’un individu. Plus de 99% des naissances survenues aux États-Unis sont enregistrées, et cet enregistrement fournit non seulement une preuve de citoyenneté dès la naissance mais permet aussi d'accéder ensuite à d'autres services comme les services scolaires et sportifs et d’obtenir un passeport et un permis de conduire.Dans la plupart des pays développés qui disposent de bons systèmes d'enregistrement et de statistiques de l'état civil (CRVS), il est relativement facile d’obtenir des documents comme les certificats de naissance et de décès. Le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance estime toutefois que moins de la moitié des naissances des enfants de moins de cinq ans a été enregistrée auprès d'une autorité de l'état civil en Afrique subsaharienne. En outre, le dernier Rapport sur les Statistiques Sanitaires Mondiales montre que seuls quatre pays en Afrique disposent d’information sur la qualité et la complétude des données sur les causes de décès. Dans la plupart de ces pays, les systèmes de CRVS existent sous forme papier et il arrive parfois que les documents soient égarés ou perdus. Le développement et le maintien de systèmes robustes de CRVS sont essentiels pour l'enregistrement et la fourniture de certificats de naissances et de décès ; et, pour la compilation et la dissémination de statistiques de l'état civil, incluant les certificats médicaux relatifs aux causes de décès.
Disponibilité des données de CRVS dans les pays
Des efforts concertés sont par conséquent requis en Afrique afin de renforcer les systèmes de CRVS, et cela, en priorisant les domaines susceptibles d'accélérer les résultats et de garantir que toute personne dispose d’une identité juridique susceptible de l’aider à protéger ses droits civils et humains. Cela inclut un soutien aux mécanismes de financement innovants tels que le Mécanisme de Financement Mondial (GFF) pour renforcer les capacités requises pour enregistrer les naissances et les décès ; enregistrer les causes de décès ; et numériser les enregistrements – et cela, à différents niveaux du système de CRVS. À travers ceux-ci, des statistiques vitales peuvent être générées pour suivre les progrès réalisés en vue d’atteindre les Objectifs de Développement Durable.
Certains pays Africains réalisent déjà des progrès importants pour améliorer différents domaines de leurs systèmes de CRVS afin d’atteindre un enregistrement universel des naissances et des décès, incluant l'enregistrement des causes de décès ; la fourniture de données pour le suivi des résultats ; ainsi que le stockage sécurisé des données et une récupération aisée des documents. Avec l’appui financier de l'Association Internationale pour le Développement (IDA) et du Fonds Fiduciaire du GFF, le Cameroun, l'Éthiopie, le Libéria et l'Ouganda s’attachent à améliorer leurs systèmes de CRVS à travers des projets ciblant des domaines spécifiques.
Cameroun : Financement Basé sur la Performance pour le CRVS
Le Cameroun est l'un des rares pays d'Afrique où l'enregistrement des naissances a baissé au fil du temps, atteignant environ deux tiers en 2014. Pour accélérer l'enregistrement des naissances, le Cameroun a adopté des indicateurs de financement basés sur la performance (FBP) afin d’assurer que les enregistrements sont effectués pour chaque prestation, et cela, aux niveaux des communautés des formations sanitaires et des districts. En outre, le FBP s’attache à former et à renforcer les capacités, y compris dans les domaines de l'enregistrement des naissances et des décès ainsi que des audits de décès maternels. Le projet appuie également le pays en vue d’accroitre le nombre de centres d’enregistrement et de fonctionnaires chargés de l'enregistrement.
Passer de l'enregistrement sur papier à l’enregistrement électronique en Éthiopie et au Libéria
En Éthiopie, l'accent est mis sur le développement d'un système électronique d'enregistrement de l’état civil. Le projet fournit une assistance technique, renforce les capacités et, fournit des équipements de traitement de l'information et de communication pour appuyer le passage d’un enregistrement manuel à un système électronique technologiquement plus avancé et plus efficace. Le pays entreprendra également des activités pour soutenir un plaidoyer et sensibiliser l’opinion publique sur l’importance des systèmes de CRVS. Cela inclura la distribution d’un matériel d'information, d'éducation et de communication.
Le Libéria se concentre également sur une transition vers des systèmes et des processus d'enregistrement harmonisés, en particulier en cherchant à remédier à l'utilisation mixte d’un enregistrement sous forme papier et d’un enregistrement numérisé opérant dans un contexte de connectivité très limitée. Le projet au Libéria couvre l’élaboration et la mise en œuvre d'un système intégré d'information pour la gestion de l'enregistrement de l’état civil, incluant l’enregistrement de toutes les naissances et de tous les décès ainsi que de toutes les causes de décès.
Améliorer l'enregistrement des décès en Ouganda
Avec l’enregistrement des décès estimé à moins de 1 pour cent, l'Ouganda priorise des investissements capables de soutenir l'élaboration de protocoles d'enregistrement des décès et de manuels de formation ; la préparation de curriculum portant sur la certification et le codage des causes de décès et cela, en utilisant la Classification Internationale des Maladies, 10ème révision (CIM-10) ; et, le développement de normes et de standards pour la déclaration des causes de décès au sein des formations sanitaires et des communautés. Le personnel clinique et des comités de vérification des décès maternels et périnatals sera également formé sur les causes de décès et cela, en utilisant la CIM-10. Un soutien sera aussi fourni pour concevoir un module d'enregistrement des décès au sein du système d'enregistrement des naissances existant et pour développer un module adapté sur le système d'information sanitaire de district, et cela, pour la certification des causes de décès et le codage de la CIM-10.
Alors que les ministres Africains en charge de l'état civil se réunissent à Nouakchott en Mauritanie pour examiner les progrès réalisés dans le domaine des systèmes de CRVS et élaborer des plans capables d’accélérer ces progrès, nous avons l’opportunité de plaider pour davantage d'investissements dans les systèmes de CRVS. En allouant davantage de ressources nationales au renforcement des systèmes de CRVS tout en en faisant appel au secteur privé et en obtenant un soutien coordonné de la part des partenaires de développement, les pays peuvent provoquer le changement requis pour obtenir un enregistrement universel des naissances et des décès.
Photo: UNICEF