Des millions de femmes, d’hommes, de garçons et de filles se voient refuser l’accès aux services de base en raison de systèmes d’enregistrement et de statistiques de l’État civil (CRVS) faibles. Sans certificat de naissance, les enfants sont plus exposés aux violations de leurs droits, notamment au mariage précoce, au travail et à la traite des enfants, et au risque de devenir enfants-soldats. Ceci est encore plus vrai dans les situations d’urgence, quand les personnes sans certificat de naissance se voient exclues de l’assurance maladie, de l’accès à l’éducation et des programmes de protection sociale.

Parmi les 36 pays soutenus par le Mécanisme de financement mondial (GFF), seize pays africains ont moins de deux tiers des enfants âgés de moins de cinq ans inscrits auprès des autorités de l’État civil de leurs pays respectifs. Pour relever ce défi, il faudra mener des efforts communs. La Journée africaine du CRVS, qui se tiendra cette année le 10 août, représente une occasion d’encourager les gouvernements, la communauté internationale, la société civile et le secteur privé à travailler de façon conjointe pour identifier des solutions à fort impact au profit de leurs populations.

Lorsque les systèmes de CRVS fonctionnent bien, toutes les naissances et les décès sont enregistrés, les causes de décès sont rrépertoriés, les certificats sont émis et les statistiques d’État civil sont produites. Avec le soutien du GFF, les dossiers d’investissement menés par les pays accordent la priorité au renforcement des systèmes de CRVS ; certains pays peuvent bénéficier à cet effet d’un financement du Fonds fiduciaire du GFF, qui vient compléter un financement concessionnel de l’Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale. Actuellement, 15 pays soutenus par le GFF ont introduit le CRVS à leur dossier d’investissement et neuf d’entre eux se sont vu allouer des fonds spécifiquement dédiés au renforcement de leur système. Au cours de la dernière année, des pays tels que l’Ouganda et le Libéria ont réalisé des progrès dans le renforcement de leurs systèmes de CRVS, tout particulièrement en matière d’enregistrement des naissances.

Pourcentage d’enfants de moins de cinq ans inscrits auprès des autorités de l’État civil

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En Ouganda, plus de 600 000 enfants ont été enregistrés depuis février 2019. Les 10 millions de dollars alloués par le Fonds fiduciaire du GFF et l’IDA ont été, dans ce cadre, axés sur le renforcement de la capacité institutionnelle à fournir et à mettre à l’échelle les services d’enregistrement des naissances et des décès dans les établissements de santé et les communautés. Suite à une formation, une coordination et une sensibilisation exhaustives, l’Ouganda a apporté des modifications à son système d’enregistrement de l’État civil mobile afin de permettre l’enregistrement des naissances déclarées par les hôpitaux et les sous-comtés. Des méthodes innovantes ont été introduites pour rejoindre les personnes vivant dans des zones reculées. Ainsi, sous la direction du ministère de la Santé, deux camions d’enregistrement mobiles ont été fournis  aux projets pilote de services d’enregistrement des naissances et des décès en charge des populations vivant dans des zones difficiles d’accès. En outre, les passations de marché en cours devraient permettre la mise au point d’un système électronique intégré d’enregistrement de l’État civil, qui comprendra un dispositif de gestion des identités, ainsi que l’élaboration d’un plan stratégique pour le système de CRVS. Les services d’enregistrement des naissances et des décès sont maintenant offerts dans 14 districts. L’UNICEF, Plan International, l’OMS et le Fonds mondial agissent également à titre de partenaires en soutien au renforcement du système de CRVS en Ouganda.

Avec le million de dollars alloué au Libéria par le Fonds fiduciaire du GFF et le soutien de partenaires tels que l’UNICEF, l’OMS et Gavi, le pays entend améliorer ses services d’enregistrement des naissances et des décès et étendre la couverture de ce système d’enregistrement. Ainsi, afin de renforcer l’enregistrement civil dans les hôpitaux, des indicateurs de CRVS ont été inclus au financement basé sur la performance. En outre, les services d’enregistrement des naissances ont été étendus à 22 hôpitaux (59 pour cent de tous les hôpitaux du Libéria), qui ont reçu des outils d’enregistrement et des fournitures de bureau destinés à faciliter l’inscription et la délivrance de certificats au sein de ces établissements. Les services de vaccination et de sensibilisation communautaire à la santé maternelle et infantile sont également utilisés pour la conduire des campagnes d’enregistrement des naissances. Des formulaires et certificats d’enregistrement de naissance uniformisés et une plateforme internet unique d’enregistrement des naissances ont été adoptés dans tout le pays.

La faiblesse des systèmes de CRVS compromet les progrès et a un impact négatif sur la disponibilité régulière des données nationales et infranationales nécessaires à une planification et à un suivi efficace du gouvernement. Les femmes, les enfants et les adolescents en sont particulièrement affectés. Par exemple, le Niger présente le taux le plus élevé de mariages précoces dans le monde, alors que 77 pour cent des femmes âgées de 25 à 49 ans ont été mariées avant l’âge de 18 ans et 28 pour cent dès l’âge de 15 ans, la couverture de l’enregistrement des mariages n’est estimée qu’à 4 pour cent, avec une majorité de mariages relevant encore du droit coutumier. Sans enregistrement à l’État civil, il est difficile de faire valoir ses droits et d’accéder à des services de base tels que la santé et l’éducation.

La journée africaine du CRVS représente une occasion d’unir nos voix afin que chaque personne soit prise en compte et afin de de continuer à travailler ensemble au renforcement du CRVS, un dispositif clé pour améliorer la santé, l’éducation et la promotion de l’égalité des chances pour tous.