Q&A : Au cœur de la pandémie de COVID-19, comment les pays apprennent-ils les uns des autres en temps réel?
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Les données probantes démontrent que la COVID-19 perturbe la prestation des services de santé essentiels destinés aux femmes, aux enfants et aux adolescents, mettant ainsi en danger des millions de femmes et d’enfants. Pour aider les pays partenaires du GFF à atténuer les effets de la pandémie, le GFF a déployé sa solide plateforme de connaissances et d’apprentissage de façon à permettre aux pays de partager leurs expériences et de prendre des mesures de protection des services essentiels, à la fois dans le cadre de leur réponse à la COVID-19 et de leurs efforts de relèvement. Nous nous sommes entretenus avec Petra Vergeer, responsable GFF, Connaissances & Apprentissage et FBR, pour en savoir plus sur les moyens qu’utilise le GFF pour faciliter le partage des connaissances entre les pays.
Q1 : Que fait le GFF pour aider les pays à apprendre de leurs expériences mutuelles en matière de maintien des services de santé essentiels pendant la COVID-19 ?
Dans le cadre de notre réponse à la pandémie de COVID-19, nous avons rapidement mis en place un programme d’échange d’apprentissages qui permet aux pays de partager en temps réel les enseignements tirés. Par le biais du Programme d’apprentissage de la prestation de services (SDLP), nous soutenons les efforts des pays en matière de maintien des services essentiels destinés aux femmes et aux enfants, puisque les expériences précédentes ont démontré que les épidémies affectaient l’accès et la prestation de ces services essentiels.
Le SDLP est un programme de trois semaines qui combine des séminaires en ligne, des ateliers de groupes de pays, des sessions nationales, et des forums de discussion en ligne. Les participants comprennent des fonctionnaires des ministères de la Santé, des partenaires techniques, des bailleurs de fonds, des chefs d’équipe de la Banque mondiale, des représentants du secteur privé et de la société civile, et d’autres parties prenantes clés. Le programme combine des connaissances thématiques essentielles avec les réflexions émises par différents pays ainsi que des discussions avec des pairs d’autres pays, ceci afin de partager des idées, d’identifier les goulots d’étranglement et de réfléchir à des solutions.
Q2 : Comment le programme a-t-il aidé les pays à prendre des mesures pour protéger les services essentiels pendant la pandémie de COVID-19
Dans le cadre d’ateliers nationaux individuels, les pays sont invités à réfléchir de manière critique à ce qu’ils ont appris des autres pays et à décider de ce qui pourrait constituer une action appropriée dans leur contexte particulier. À la fin du programme, certains pays avaient amélioré les mesures visant à fournir des services tout en maintenant la distanciation sociale ; d’autres avaient amélioré l’utilisation de la technologie mobile pour faciliter la télémédecine ; alors que d’autres avaient réfléchi à la manière de mieux utiliser et intégrer les agents de santé communautaires afin de renforcer la continuité des services.
Plus de 90 participants provenant de neuf pays ont pris part au premier cycle de ce programme : Afghanistan, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Nigéria, Sénégal, Sierra Leone, Ouganda, Zambie et Zimbabwe. En outre, 90 autres participants se sont joints au deuxième cycle du programme, notamment des représentants du Guatemala, d’Haïti, de la République centrafricaine (RCA), de la Guinée, du Tchad, de Madagascar, du Malawi, du Ghana et de la Somalie.
Q3 : Quels commentaires reçus des participants aideront à améliorer l’adaptation du programme à leurs besoins ?
Ces derniers ont demandé un soutien supplémentaire à l’initiation d’un changement à travers des actions réalisables et adaptées au contexte, aux politiques et aux stratégies sanitaires de leur pays. Les participants se sont également exprimés sur l’importance de pouvoir communiquer avec les décideurs et ceci de façon rapide. De plus, ils ont également suggéré l’utilisation de communautés de pratique pour améliorer la collaboration continue et l’apprentissage mutuel.
Le second cycle du SDLP a déjà intégré une large part de ces commentaires. En particulier, nous avons très rapidement mis à disposition des éléments clés de chaque séminaire en ligne de façon à permettre aux participants d’en partager le contenu avec les décideurs, ceci en temps (presque) réel. Nous avons également intégré au plan de changement de l’équipe pays une réflexion spécifique sur les moyens à travers lesquels celle-ci assurera la liaison entre ces principales conclusions et les éventuels changements stratégiques à mettre en œuvre avec les décideurs, autant que possible étayés par des données sur l’utilisation des services essentiels.
Les commentaires reçus ont également confirmé que, plutôt que des approches théoriques et des conseils institutionnels, les représentants des plateformes nationales et les dirigeants nationaux sont en fait à la recherche d’exemples de bonnes pratiques adoptées par d’autres pays pour relever les défis actuels et que le SDLP leur a effectivement offert cette possibilité.
Q4 : Comment entrevoyez-vous l’évolution de ce programme ?
Le programme a pour objectif de soutenir l’identification et la mise en œuvre de nouvelles façons de fournir des services en toute sécurité dans les établissements de santé et de réduire les consultations inutiles. Pour ce faire, nous demandons aux ministères de la Santé et à d’autres organisations partenaires de partager les bonnes pratiques qui répondent à ces défis communs. En outre, nous instaurons grâce à ce programme une communauté internationale d’experts et de dirigeants qui offre un soutien entre pairs et un accès à des conseils d’experts. Ceci est essentiel puisque nous savons que le changement ne provient pas seulement du transfert de connaissances.
Le contenu et les activités pratiques du programme aident également les participants à renforcer certaines compétences transversales telles que l’utilisation de données pour éclairer la prise de décision, la réflexion systémique et la collaboration en ligne.
Il est important de disposer d’un processus de suivi qui, dans ce cas, comprend le maintien d’une plateforme en ligne active et la vérification régulière des progrès avec les pays de la communauté SDLP, ceci afin d’identifier ce qui fonctionne et les aspects sur lesquels un soutien supplémentaire et des échanges d’expériences seront bénéfiques. Nous espérons également que ce programme sera personnalisé et utilisé par d’autres. Nous continuerons à tirer parti de cet outil, puisque le SDLP reste l’une des nombreuses activités de notre nouvelle stratégie de connaissances et d’apprentissage, qui vise à améliorer les compétences des parties prenantes du GFF pour catalyser le changement mené par les pays.