Quatre ans de partenariat entre le Kenya et le GFF : Entretien avec Ruth Kagia, Conseillère auprès du Président du Kenya
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La huitième réunion annuelle du Groupe des investisseurs du GFF s’est tenue en avril dernier à Washington DC. Nous en avons profité pour nous entretenir avec Ruth Kagia, Conseillère auprès du Président du Kenya, pays membre du Groupe des investisseurs du GFF. Notre entretien a porté sur les progrès réalisés dans le cadre du partenariat entre le GFF et le Kenya. Ces 10 dernières années, le Kenya, l’un des premiers pays à joindre le GFF, a enregistré des résultats positifs en matière de santé reproductive, maternelle et infantile. Le GFF travaille en partenariat avec les gouvernements locaux et régionaux afin d’améliorer la planification et la budgétisation du système sanitaire au niveau régional, et d’apporter une assistance technique dans le domaine de la cartographie et du renforcement des capacités. Le Kenya, avec le soutien du GFF, s’emploie à remédier aux disparités géographiques et socio-économiques, et à améliorer le système sanitaire pour le bénéfice des femmes, des enfants et des adolescents.
Pouvez-vous décrire les progrès réalisés par le Kenya avec le soutien du GFF au cours de ces quatre années de partenariat ?
Ça été une aventure ! Un chemin que le Kenya et le GFF ont parcouru ensemble. Dans un premier temps, l’appui du GFF s’est avéré essentiel à l’affinement du dossier d’investissement, à la priorisation de la santé reproductive des femmes et des enfants ainsi qu’au développement d’un leadership éclairé. Au fil du temps, le GFF a joué un rôle important dans l’orientation de l’ensemble du programme vers les besoins sanitaires des femmes, des enfants et des adolescents – donc aux questions de soins de santé primaires – qui, en fin de compte, sont les principes fondamentaux d'un bon système de soins de santé. Enfin, le GFF et le projet de la Banque mondiale sont basés sur des résultats. Cela signifie que la mise à disposition de fonds supplémentaires aux prestataires de soins de santé et aux gouvernements régionaux est liée à l'augmentation de leur propre budget sanitaire et en orientant les ressources qu'ils reçoivent vers la santé reproductive, maternelle et infantile.
Quelles sont les contributions spécifiques que le GFF a apportées au travail du Kenya ?
Premièrement, lier les résultats à l’allocation des ressources. Nous avons tendance à traiter les problèmes en mobilisant de l’argent, sans nous concentrer sur le résultat obtenu. Pour moi, mettre l'accent sur les résultats est essentiel. Si nous gardons cela à l’esprit, nous verrons une transformation du secteur de la santé.
Deuxièmement, la priorité accordée à la santé des femmes et des enfants. Ces questions dont on parle rarement attirent beaucoup moins de défenseurs que le cancer ou le diabète. Il serait facile de les passer sous silence en les laissant se noyer dans le vaste agenda de la santé. Donc, à nouveau, il est important de se concentrer sur cette question.
Neuf nouveaux pays ont récemment rejoint le GFF, selon vous, quelles leçons tirées de l’expérience du Kenya pourraient leur être utiles ?
Établir une base très solide et identifier les points clés. Disposer d'un mécanisme de suivi des progrès dès le commencement. Cela sera essentiel pour mesurer les progrès et les résultats. Il est également très important d’établir une base de données solide. Et enfin, toujours suivre l'argent et s’assurer que les fonds aillent aux endroits définis.
L’échéance des objectifs de développement durable se profilant à l’horizon 2030, quels sont vos espoirs ? À votre avis, où en sera le Kenya avec le soutien du GFF ?
Le Kenya s’est fixé des objectifs très ambitieux. Nous aimerions avoir une couverture santé pour l’ensemble de notre population non pas à l’horizon 2030, mais dès 2022 -- et nous mettons tout en œuvre pour y parvenir. Ainsi, même si tous n’ont pas accès à la qualité et à la couverture santé qu’ils méritent, nous voulons transformer l’ensemble du secteur de la santé de façon à ce que personne ne soit privé de soins médicaux par manque de moyens financiers. Cela signifie qu'il faudra réduire au strict minimum les frais que le patient doit régler avant de pouvoir être remboursé. Le Kenya vise également à améliorer la qualité des soins de santé publics, afin que les patients n'aient pas à recourir aux services de soins de santé dans les hôpitaux privés pour obtenir des soins de qualité. Nous voulons nous assurer d'améliorer la qualité globale des soins de santé et de les rendre plus abordables pour tous.
Nous faisons des progrès significatifs parce que nous concentrons notre action sur ceux qui ont le plus besoin de soins de santé : ceux qui évitent d’aller chez le médecin parce qu'ils n'ont pas les moyens. Nous commençons par ceux qui sont les plus vulnérables, puis nous progressons.